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La tentation de l'oralité. Quelques perspectives ethnocritiques

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La tentation de l'oralité. Quelques perspectives ethnocritiques

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Parution de l'article « La tentation de l'oralité. Quelques perspectives ethnocritiques » de Jean-Marie Privat, dans le no 20 de la Revue Flaubert, « Nouvelles lectures de La Tentation de Saint-Antoine », paru le 14 mars 2024

Antoine – ermite au désert – est un saint de la religion du Livre. La tentation dont il est la proie sinon la victime est celle des oralités païennes. Notre étude s’attache à mettre en évidence comment l’affiliation d’Antoine à la culture écrite se délite rapidement. Antoine est bien vite en effet en quête de la présence réelle du Verbe et d’une expérience par corps des sacralités antiques. Cette recherche de l’oralité des cultures du monde effraie et fascine l’ermite. Ces oralités vives sont le cœur battant et toujours désirable de troublantes sensualités et sensorialités dans lesquelles le saint est tenté de se fondre. Loin d’être dans sa grotte, solitaire et immobile, ascétique et muet, saint Antoine s’expose corps et âme aux langages des musiques et des voix, aux tangages des sonorités diaboliques et des paroles féminines. La Tentation peut ainsi être lue comme un éprouvant rite de passage nécessaire à Antoine pour accéder à des formes supérieures d’initiation. C’est en effet le sacrifice de ces cosmologies païennes et de leurs auralités sacrées – rituellement perçues et côtoyées – qui parfait le saint.